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dimanche 30 août 2009

Kap kap des iles Salomons

Le Kap-kap des îles Salomon, à ne pas confondre avec le Tema des îles Santa Cruz est lui aussi constitué d'une écaille de tortue finement ajourée disposée sur un disque de bénitier fossile. Utilisé comme ornement frontal et non comme pendentif, cette magnifique parure atteint parfois des tailles importantes de plus de 20cm de diamètre. Cet objet de parement sert, comme tout objet de valeur océanien, de monnaie et était l'objet de dons permettant de favoriser la réussite d'une chasse aux têtes, d'une récolte ou encore d'une pêche. Les motifs variés et jamais identiques peuvent représenter le soleil mais aussi des oiseaux ou des figures anthropomorphes.
Le collier permettant de lier cet ornement sur le coté du front a son importance car il est constituée d'une alternance non anodine de petits coquillages servant eux aussi de monnaies.Le choix des couleurs et l'organisation de celles-ci respectaient des critères bien définis. L'ensemble est attaché sur une fibre végétale rouge et terminé par des graines. Les deux Kapkap que je vous propose cette semaine sont de tailles fort différentes mais de facture identique. Il existe aussi des kap kap en Nouvelle Bretagne mais ils se distinguent bien de ceux-ci.

dimanche 16 août 2009

Plat papou

J'ai voulu cette semaine profiter des vacances et de la moindre affluence du blog pour vous présenter un objet simple d'usage courant. Ce plat à la décoration abîmée ressemble à une grande cuillère. Je n'ai aucune information sur son usage ou sa provenance précise mais je l'ai acquis pour sa surprenante décoration aux motifs ajourés.

dimanche 9 août 2009

Planche cérémonielle asmat

Pour prolonger à ma façon les billets publiés dans Détours des Mondes, je vous présente cet objet cérémoniel Asmat qui comme la plupart des objets d'art mélanésien a pour vocation de créer un lien entre le monde des vivants et celui des esprits toujours omniprésent.
La symbolique d'un objet cérémoniel Asmat est différente selon la région auquel celui-ci appartient, elle sera probablement incomprise par un voisin Marind-Anim ou Mimika et donc d'autant plus hermétique à notre culture européenne.
On peut cependant se satisfaire d'une observation structurée des éléments de la composition. Ainsi ayant la connaissance des croyances Asmat selon lesquelles:
  • l'homme est un arbre dont les jambes sont les racines, le corps est le tronc et la tête est un fruit,
  • La mante religieuse la chauve souris et le calao qui sont des mangeurs de fruits symbolisent la chasse aux têtes
on peut partir à la recherche de motifs évocateurs.



Ainsi un oeil averti pourra voir de haut en bas, deux calaos, une roussette, une mante religieuse et enfin une grenouille.
Un oeil plus technique notera une sculpture en champlevé réhaussée à l'ocre rouge avec une partie ajourée, la présence d'une bordure ou encore d'un axe de symétrie vertical.
Même si l'observation de cette planche ne vous fait pas apparaître toute sa valeur symbolique en lien avec la chasse aux têtes, elle ne peut laisser indifférent et c'est peut-être finalement déja suffisant.

dimanche 2 août 2009

Parures et cache penis

Les parures que je vous présente aujourd'hui proviennent de différentes régions de Papouasie. Elles ont toutes pour vocation de symboliser la puissance guerrière de leur porteur et sont donc à ce titre constituées par des éléments d'animaux difficiles à chasser. Elles sont toutes les trois réalisées à la base sur un tressage de corde végétale réalisée par les hommes Papous .
La première est un cache sexe constitué de dents de cochon, de têtes de cône, de petits coquillage cauris, d'une porcelaine, de morceaux de cheveux humains et enfin de plumes de casoar. Celle-ci qui est la plus simple des trois est malgré tout constituée de tous les éléments qui constituent des monnaies. La représentation grâce aux têtes de cônes d'un long pénis blanc sur fond noir permet d'augmenter la virilité de son porteur.
La seconde parure, qui est aussi la plus richement décorée, est constituée d'un très grand nombre de dents de crocodile. Son porteur affirmant ainsi un grand pouvoir de chasseur et donc aussi de guerrier. On notera cependant que cette magnifique parure aux allures de cache pénis représente un visage dont les deux grandes dents de cochon sont tournées vers le haut et non vers le bas comme sur les cache penis induisant une symbolique différente.
La dernière parure est elle aussi un cache pénis constitué d'une agréable fourrure issu d'un animal nocturne chassé aussi pour sa viande: le couscous (Spilocuscus). À ne pas confondre avec le kangourou arboricole (Dendrolagus) espèce chassée elle aussi pour sa fourrure. On y retrouve les mêmes composants que la première parure.

Les parures que je vous propose aujourd'hui me permettent d'attirer votre attention sur plusieurs points trop souvent oubliés par les médias actuels à savoir l'extrême richesse biologique de la faune de Papouasie qui se meurt d'une surexploitation minière et forestière mais aussi la grande "richesse anthropologique", symbolisée par ces caches sexes, altérée par le modernisme et l'islamisme indonésien.

dimanche 12 juillet 2009

Kina, monnaie des hauts plateaux

Les populations des hauts plateaux vivaient d'alliances et de guerres perpétuelles. Les déplacements étaient de fait restreints aux limites d'alliances et ne s'étendaient guère plus que de quelques kilomètres. Cela a eu pour conséquence de favoriser une multiplicité de dialectes. Malgré cela, des échanges avaient lieu de proche en proche entre les tribus des hauts plateaux et les tribus côtières.

La kina est constituée d'un coquillage provenant de ces échanges avec les tribus côtières.Il était donc extrêmement rare avant l'arrivée des chercheurs d'or et des missionnaires sur les hauts plateaux dans les années 1930. Ce coquillage d'huître perlière a ensuite perdu beaucoup de sa valeur coutumière, car il fut abondamment introduit par les colons pour acheter la nourriture abondante et les services des populations locales. Cela a fortement perturbé les hiérarchies.

La fonction de la kina était encore de traduire le pouvoir du big-man. Elle était utilisée lors de cérémonies coutumières appelées Moka. Cet objet parfois nommé "Moka kina" existe sous d'autres formes que j'aurai l'occasion de vous présenter lors d'autres posts.

dimanche 5 juillet 2009

Masques du timor

Une semaine d'inactivité m'oblige à vous présenter deux pièces. J'ai choisi deux masques provenant d'une région limitrophe à la Mélanésie: le Timor. Ces deux masques monumentaux mesurent environ un mètre et sont réalisés dans la base d'un tronc de cocotier.

Le plus ancien qui est aussi le plus dépouillé a ma préférence. Ses lignes sont parfaites et son expressivité est forte. La symbolique est proche de celle des korwars avec cet oiseau dessinant le nez et les sourcils occupant la partie supérieure du visage et cette bouche aux dents proéminentes.

Le plus récent est aussi le plus travaillé avec des symboles en ronde bosse, technique que l'on retrouve dans l'archipel des Siassi. Les éléments sont symétriques sur un axe vertical comme le sont la plupart des masques mélanésiens. On notera néanmoins sur la partie supérieure du masque des éléments géométriques typiques de l'indonésie.

dimanche 21 juin 2009

Kesoke Esprit de la mer

Une fois n'est pas coutume, je reste cette semaine sur le même thème que la semaine précédente à savoir l'esprit de la mer ou le dieu de la pêche selon la façon dont on aborde les croyances mélanésiennes.
Cette pierre sculptée est une représentation de cet esprit, et l'on peut aussi supposer qu'il s'agit d'une pierre magique.

Elle a pour fonction de permettre au chaman de prédire si le pêcheur qui le consulte est capable de parler du temps ou s'il peut prévoir si sa pêche sera bonne.
Cette pierre comme ne le montre pas la photo possède une double symétrie droite gauche et avant arrière. Elle ressemble aux monnaies traditionnelles des Salomons mais est réalisée dans cette pierre granitique qui est utilisée pour plomber les filets de pêche. Le visage n'est constitué que deux yeux, ces yeux qui prévoient le temps et la pêche?

dimanche 14 juin 2009

Musumusu Sculpture des Salomons


Le musumusu (prononcer mousoumousou) ou nguzunguzu est une figurine qui se fixe à l'avant de la pirogue ou qui peut être conservée à terre, là où les pirogues sont entreposées.
C'est une effigie représentant un esprit à l'aspect canin appelé Tiola, il protège les hommes de l'esprit de la mer nommé Kesoke.
Cette statuette de bois est incrusté de nacre dont les contours reprennent les motifs décoratifs appliqués par les femmes sur leurs visages.
On notera aussi la chevelure blanche qui correspond à une habitude qu'ont les Salomonais de se teindre les cheveux en blanc à l'aide de chaux.
La présence entre les mains de l'esprit, d'une tête d'homme indique que celui-ci protège les guerriers lors de ses chasses aux têtes.
Cette figurine relativement récente est une bonne représentation de l'art des Salomons.

mardi 9 juin 2009

Tabua dents de cachalot



Les monnaies mélanésiennes sont diverses et variées. Celles que je vous propose aujourd'hui ont été acquises dans l'île de Malaïta dans l'archipel des îles Salomons. Ces monnaies témoignent probablement d'échanges des îles Salomons (zone mélanésienne) avec les îles Fidji (zone polynésienne). En effet elles sont réputées avoir eu la plus haute valeur sur ces îles où elles sont un symbole de fertilité féminine.
Elles participaient avant l'arrivée des colons comme monnaie de mariage mais aussi lors de transactions coutumières comme l'octroi d'une zone de pêche.
Au début du 19ème siècle, les européens comprirent l'intérêt qu'il y avait à posséder de tels dents pour réaliser des échanges commerciaux, mais ils y substituèrent des défenses de morses ou d'éléphants.
Les deux dents de cachalot que je vous présente aujourd'hui ne semblent pas avoir été liées à un quelconque pendentif mais ont très certainement été protégés de la lumière par un morceau d'écorce. Ces pièces bien qu'il n'y paraisse pas sur les deux photos sont probablement très anciennes.

dimanche 24 mai 2009

Flûte et son bouchon de flûte


Les flûtes sont des instruments importants dans la vie des papous. Elles participent aux festivités mais aussi aux rites initiatiques. Certaines d'entre elles sont la voix des esprits et ne doivent être vues que par les initiés.
Les non initiés ne devant pas connaître l'origine de la voix des esprits, il peuvent être tués s'ils cherchaient à la voir.
Elles sont alors par deux, l'une mâle l'autre femelle et produisant chacune un son différent. C'est le bouchon de flûte qui permet de les distinguer. Celle que je vous présente aujourd'hui est la version femelle. Si la plupart des flûtes sont constituées de tubes de bambou, celle-ci comme celle de l'orokaiva visible en arrière plan est constituée d'une corne animale sculptée. L'orifice visible dans le bas de la corne est normalement dissimulé derrière un tressage de corde. Le bouchon de flûte est ôté lors de son usage mais remis lors de son stockage dans la maison cérémonielle. La flûte appartient à l'ensemble de la communauté ce qui la distingue des kundus dont je vous ai précédemment parlé. Ce style de bouchon l'identifie comme provenant des environs de la rivière Yuat. On notera que sur les pourtours des yeux sont visibles deux crocodiles en référence à l'esprit crocodile des tribus Biwat. En art océanien et plus particulièrement en art mélanésien, les bouchons de flûtes Biwat sont particulièrement admirés pour leur expressivité forte caractéristique de cette population.

dimanche 17 mai 2009

Statuette korwar

Cette semaine par manque de temps pour vous décrire précisement un objet de ma collection, j'ai choisi de vous montrer une statuette korwar. Comme je l'ai déjà écrit, cette statuette permet d'incarner l'esprit d'un mort. Elle n'a d'utilité que tant que l'esprit du mort peut revenir parmi les vivants. La diversité des essences de bois constituants les différentes statuettes pourrait permettre de situer celle-ci, si des études existaient sur le sujet. Hélas, je n'en ai pas encore trouvé et il m'est difficile de situer précisément l'origine de celle-ci. Mais elle ressemble fortement à celles figurant sur la planche reproduit en arrière plan et provenant de De Clercq.
La seule certitude est la baie de Cenderawasih.

dimanche 10 mai 2009

Pierre magique de jardin

Cette semaine c'est vers une statuette en pierre ayant une fonction magique que je m'oriente. Cette pierre est associée aux rites magiques des jardins. Disposée à une extrémité du jardin son oeil unique réalisé avec un opercule de coquillage est tourné vers la partie cultivée. Elle a pour rôle de faire fuir les mauvais esprits.
Même si elles sont aidées par les hommes pour les opérations de défrichage, le jardin est l'activité majeure des femmes de papouasie. Le jardin est à l'image de la femme qui le cultive et l'entretien. Voir le jardin d'une femme c'est un peu partager son intimité...

La magie des jardin permet de rythmer et d'organiser les cultures, elle est la mémoire des connaissances acquises.

vendredi 1 mai 2009

Crocodile surmodelé iatmul

Je vous propose cette semaine ce crocodile surmodelé iatmul. Le surmodelage des crânes humains était une activité typique des populations iatmul. Peu fervent de ce type "d'oeuvre d'art", je me contente de vous présenter une tête de crocodile.
Le crocodile a chez la population du sépik une importance considérable. Les crocodiles de Nouvelle Guinée (Crocodylus novaeguineae) se distinguent des crocodiles marins présents dans toute l'océanie, par leur taille moindre de l'ordre de 3 m. S'il est fort présent dans le Sépik et dans toutes les zones marécageuses bordant ce long fleuve de plus de 1000 km, il l'est plus encore chez les iatmul qui voient en lui l'animal démiurge qui engendra le monde. L'esprit crocodile wagan s'incarne au travers de cet objet lors de cérémonies rituelles.
Le surmodelage nommé yimba est réalisé à partir de terre, de chaux et d'une huile issue d'un arbre. De petits coquillages cauris et deux porcelaines servent à donner un effet plus réaliste.

dimanche 26 avril 2009

Masques moustique


Cette semaine, je vous propose deux masques moustique provenant de la côte nord de la Papouasie occidentale.

Le premier haut en couleur a été acquis sur l'île de Kaïriru. Cette île qui a subi la colonisation (des missionnaires y établir une école dès 1930) mais aussi pendant la seconde guerre mondiale l'invasion japonaise est une plaque tournante du commerce des îles Schouten de l'embouchure du Sépik.

Ce masque est porté sur le haut de la tête presque comme une casquette. La spécificité du masque est d'être parfaitement équilibré sur son axe d'attache grâce à son long nez. Cette caractéristique permet d'obtenir un ample mouvement vibratoire lors des danses rituelles. Ces danses exécutées en groupe permettent par l'invocation des différents esprits de la forêt qu'incarne chaque masque de favoriser une bonne chasse.

Les masques qui sont stockés dans la maison des hommes se recouvrent de suie comme tous les objets présents. Ce n'est que lors des danses rituelles qu'ils sont parés de leurs ornements et couleurs variés mais hélas fragiles et éphémères.

On retrouve ces masques sur l'embouchure du Sépik et il semblerait qu'ils aient été fabriqué sur sa côte ouest. Leurs caractéristiques varient d'un masque à l'autre mais l'on retrouve toujours pour les masques moustiques mâles, cet équilibre parfait dû à son nez.

samedi 11 avril 2009

Arc et flèches papous


Constitué en bois d'aréquier sur lequel est tendu une éclisse de bambou, l'arc papou est relativement grand , léger et permet de propulser une flèche avec beaucoup de puissance. Sa constitution est remarquable de simplicité et d'efficacité. En effet, le nouage simple mais solide de l'éclisse permet d'en changer très aisement en cas de rupture. Les flèches sont faites d'un corps de bambou et d'une tête en bois finement sculptée. Les profils des flèches sont très divers et il est difficile d'en trouver deux identiques. Le lien entre la tête et le corps est un tressage enduit de gomme.
L'arc est un symbole important dans la vie du papou car il marque un niveau d'initiation correspondant à l'âge adulte. Lors des rites initiatiques seront organisés des chasses où l'initié se devra de tuer des animaux spécifiques (chauve souris, opossum, casoar...).

Il est bien sûr encore utilisé comme arme de guerre lors des guerres tribales.

vendredi 3 avril 2009

Tema des îles Santa Cruz


Pour reprendre ce blog dans son rythme régulier d'une pièce par semaine, je vous propose cette parure masculine des îles Santa Cruz.

Les habitants de ces îles ont un goût prononcé pour la beauté du corps. Ils savent habiller leurs corps noirs de touches blanches pour en faire oublier leur quasi nudité. Les parures pectorales Tema sont constituées à partir des matériaux les plus nobles que l'on puisse trouver sur ces îles lumineuses. Le fond est en bénitier fossile du blanc le plus pur sans altération cristalline et dont la transparence à la lumière est du plus bel aspect. Surmonté d'une écaille de tortue dont le vieillissement donne un aspect mat, foncé, sans reflet créant un fort contraste de lumière. Les angles sont vifs, presque agressifs, ils contrastent avec la rondeur solaire du fond. L'écaille, elle aussi translucide est toujours finement sculptée des éléments symboliques des Salomons.
Cette parure permet à elle seule de bien percevoir ce que sont ces îles océaniennes faites de contrastes d'ombre et de lumière, de douceur et d'agressivité. Elle est à l'image de leurs populations.

dimanche 18 janvier 2009

Dague Abelam

Le blog va se mettre en arrêt très provisoire de publication jusque début mars pour des raisons de difficulté d'accès à internet. La publication d'une pièce par semaine reprendra ensuite normalement. Je vous présente aujourd'hui cette dague abelam finement sculptée dans un os de casoar. La dague accompagne quotidiennement son possesseur. La gravure représente l'esprit ngwalndu et le lézard est l'esprit wala.
A bientôt.

dimanche 28 décembre 2008

Bouclier trobriand (aire Massim)


Cette semaine, je retourne dans l'aire Massim pour vous présenter un de mes petits boucliers trobriandais. Ceux-ci sont toujours relativement légers et faits d'une petite planche constituée d'une poignée ajoutée. La décoration est gravée à l'aide d'un outil lithique. En effet, les lignes de décors sont trop irrégulières pour avoir été faites à l'aide d'outils de fer. Relativement ancien celui-ci ne possède plus de trace des colorations blanches et rouges qui donnaient vie aux gravures comme on peut le voir sur cet exemplaire très connu reproduit en miniature. L'analyse des motifs des boucliers les plus connus a fait l'objet d'études relativement détaillées (Shields of Melanesia de Harry Berran et Barry Craig ISBN 978-0824827328). Ainsi les motifs présents transcrivent les attributs de son possesseur afin d'impressionner l'adversaire. Le guerrier suppose avoir les aptitudes de la libellule et des frégates qui attaquent les oiseaux pécheurs en vol pour leur voler leur nourriture. Les E représenteraient la marque laissée par les flèches lors de combats.

samedi 20 décembre 2008

Pilon Enga

Le pilon en pierre des hauts plateaux de Nouvelle Guinée fait probablement partie des objets d'art le plus ancien apparu en Papouasie lors de l'arrivée des papous il y a près de 10 000 ans. Ainsi, les musées possèdent un certain nombre de sculptures de pierre issues de la région de la rivière Wahgi aux représentations zoomorphes. La plus connue d'entre elles est la pierre d'Ambun du musée australien de Canberra.

Le pilon que je vous présente aujourd'hui mesure environ 20 cm et était utilisé pour broyer la noix d'arec, la feuille de bétel et la chaux afin d'obtenir une chique nommée simplement bétel (le bétel est un mélange d'usage courant sur la mélanésie et l'indonésie). Le pilon représente un animal du type fourmilier qui semble assis sur ses pattes arrières et repose ses pattes avants sur son ventre. La sculpture est parfaitement symétrique sur un axe vertical marqué et ses yeux sont constitués comme la plupart des pièces de ce type de deux cercles concentriques.

samedi 13 décembre 2008

Lamana, pot à fumer en terre cuite.

Depuis le début de ce blog, j'essaie autant que possible de vous montrer la diversité des matériaux au travers d'objets aux usages divers et couvrant la totalité de la papouasie et des îles Salomons. Ce pot troué est en terre cuite et la lanière qui le constitue est d'origine végétale. De chaque coté sont représentés des esprits.
On lui attribue généralement deux usages. Le premier serait de servir à fumer la viande ou le poisson afin d'allonger sa durée de conservation.
Le second serait de servir de pot à braise.

Son origine, comme la plupart des poteries papoues est encore une fois le moyen Sépik et plus particulièrement pour ce pot, les environs de la rivière Yuat.

Pour terminer, je souhaiterai en relation avec l'ensemble des objets présentés dans ce blog vous rappeler la pensée de Théophile Gautier :"Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne sert à rien; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature."
Bonne réflexion.

dimanche 7 décembre 2008

Zaru en bénitier fossile des Iles Salomon

Le Zaru est une monnaie constituée d'un tore à section rectangulaire surmonté de deux personnages assis et de profil. Les personnages sont fortement stylisés mais on peut deviner que le menton rejoint les genoux pliés. La présence de figurines supplémentaires intermédiaires ne constitue pas une généralité. Ici on distingue trois hommes surmontés de deux oiseaux qui sont très probablement des frégates. Cette très grande monnaie est réalisée en bénitier fossile ce qui lui vaut de peser quelques 2,3 kg pour une hauteur d'environ 30 cm.

C'est l'anneau inférieur qui donne au zaru son appellation de monnaie. J'ai parfois entendu dire qu'il s'agissait d'une monnaie de mariage représentant les deux mariés. Cette hypothèse me semble peu probable même si cette monnaie peut effectivement servir de monnaie de mariage.
Les deux personnages repris par les deux frégates qui voient dans des directions opposées représentent ce guerrier idéal et invincible capable de voir devant et derrière. Il me semble plus judicieux d'y associer la chasse aux têtes dont la frégate est l'un des symboles plutôt que des mariés!
Ce type de monnaie réalisée sur du bénitier fossile est désormais aussi fabriquée sur des roches de corail, matériau moins fragile et plus courant mais aussi nettement moins agréable au toucher.
L'ancienneté d'une telle pièce ne peut être effectuée par datation mais par analyse sur la façon. À partir de la moitié du 19ème siècle sont arrivés les outils de fer qui ont remplacés les outils originels et il est désormais très peu probable de découvrir de nouvelles pièces réalisées avant cette période. C'est donc à l'aide "d'outils modernes" que cette monnaie a été réalisée et l'on peut la qualifier de contemporaine comme d'ailleurs la totalité des zaru présents sur le marché de l'art.
Ce n'est pas à partir de critère d'ancienneté qu'il faudra observer le Zaru mais plutôt sur des critères esthétiques même si celui-ci a très certainement plus de cinquante ans.

samedi 29 novembre 2008

Statuette en bois RAMU

L'art mélanésien se caractérise aussi par la beauté de ses matériaux naturels: la pierre, les coquillages, les plumes, les fossiles et le bois. La statuette que je vous propose cette semaine est en bois, un de ces bois dur et lourd qui fait la richesse visuelle de ce pays mais qui est aussi hélas à l'origine d'une colonisation massive de la part des pays et régions limitrophes et en particulier de l'Indonésie. Si je devais faire une description de cette figurine anthropomorphe pour une vente aux enchères je dirai qu'elle a une "patine sombre légèrement grumeleuse" mais ce n'est pas le cas et je me contenterai de vous dire qu'elle est une des plus belles figurines en bois de ma collection.
Cette statuette serai la représentation d'un ancêtre mythique. On remarquera qu'elle dispose à son bras droit d'un brassard de rotin comme on en retrouve sur les hommes ayant atteint un certain degré d'initiation.En effet, les papous possèdent généralement ce brassard de rotin qui leur permet d'y maintenir des objets utiles ou décoratifs. Cette statuette est de trop grande taille pour constituer une amulette comme c'est le cas de celle proposée actuellement par AJP Meyer.
On notera par ailleurs qu'une vue latérale montrerai que la figurine est agenouillée, fortement bossue et que sa coiffe se détache plus haut que sa tête. Ces caractéristiques conjuguées avec celles de ce nez imposant et percé, situe cet objet dans une région comprise entre le delta du Sépik et la delta du Ramu et probablement entre le fleuve Yuat et le fleuve Keram.

dimanche 23 novembre 2008

Tambour à main KUNDU

Voici un tambour à main dont le nom commun en pidjin est Kundu. Il provient des environs du fleuve RAMU soit au nord est de la Papouasie. Les instruments de musique papous sont des instruments à résonance qui émettent des sons plutôt graves représentant généralement la voix des esprits. Ils sont joués par les hommes initiés et sont utilisés lors de cérémonies.
Celui-ci est constitué d'une peau de reptile tendue. La tension de la peau, réalisée à plusieurs mains est généralement maintenue par un cerclage de corde et collé sur le bois grâce à du sang humain. La peau qui s'abîme à l'utilisation est changée régulièrement. Le tambour de bois se transmet entre les générations et un cerclage récent réalisé avec une bande de caoutchouc est désormais courant. La qualité sonore de l'instrument est améliorée par la disposition de petits plots de résine judicieusement disposés sur la peau.

dimanche 16 novembre 2008

Monnaie coquillage

Cette semaine, une monnaie du Sepik constituée non pas de têtes de cônes arasées mais ce qui est moins courant de monnaies de porcelaines telles qu'elles furent utilisées par les allemands pendant la période coloniale. L'ensemble est fixé sur un baton et se termine à chaque extrémité par des têtes de crocodiles tressées et quelques coquillages (cônes et porcelaines).
Ces monnaies, comme toutes les monnaies papoues, interviennent lors de transactions coutumières à savoir deuil, mariage, ou règlement de différends intertribals. Elles sont la fierté de leur propriétaire, mais n'ont de valeur que lorsqu'elles participent à un échange.

samedi 8 novembre 2008

John Siune Art contemporain

Cette semaine, c'est vers une toile de "l'école Simbu" que je vais me tourner.
John Siune est né en 1965, il débute la peinture en 1980 au coté de Mathias Kauage puisqu'il est le frère d'Elisabetha Kauage, femme de Mathias. Cette toile, comme un grand nombre de ses peintures, relate un thème contemporain autour d'une activité quotidienne, comme ici la pêche. Elle met en valeur la diversité culturelle des peuples des hauts plateaux qui fut exacerbée par l'arrivée des blancs à partir de 1930.
Les premiers artistes papous apparurent en 1969, grâce à Uli et Georgina Beier d'une part et Tom Craig d'autre part. Parmi ceux-ci , on retiendra Jakupa Ako (1940-1997), Timothy Akis (1944-1984) et Mathias Kauage (1944-2003).
L'école Simbu "pikini bilong Kauage" est constituée de la famille Kauage avec en particulier: Andrew et John Kauage, Hugo Apa, Oscar Towa, Simon Gende, Gigs Wena...
J'aurai l'occasion de vous présenter d'autres toiles de John Siune mais aussi de John Danger Ulka et de Andrew Kayanu.
Pour les adeptes du pidgin anglais, voici le texte que l'on peut lire en bas de la toile, dont je ne saurai vous apporter la traduction :
" Femili ol igo long kenu na oll lukim Air Niugini kisim pasincha igo long mara pela kantri.". C'est une pratique courante de John Siune d'accompagner ses toiles d'un court texte explicatif.
Pour prolonger, je vous conseille la lecture d'un petit livre "La peinture des papous" de Roger Boulay (ISBN 978-2-86364-506-2) aux éditions Parenthèses et le lien suivant Niugini Arts .

lundi 3 novembre 2008

Parure du sépik

Aujourd'hui, je vous présente cette "simple" parure constituée de six dents de cochon, de huit os de kangourou arboricole, de trois vertèbres de serpent et d'un petit cône taillé en monnaie. L'ensemble est tressé à l'aide de fibres végétales et recouvert de petits coquillages cauris. Cette parure est celle d'un chef de tribu. Elle est stylisée pour impressionner de loin.Comme beaucoup de parures, le tressage est toujours impressionnant par la qualité de sa réalisation et la solidité de l'ensemble. Les tressages sont des activités essentiellement féminines (le bilum) mais parfois aussi masculine comme c'est la cas ici.
Les parures sont des éléments essentiels car leur fonction n'est pas simplement décorative mais elles ont aussi une fonction sociale, économique, symbolique, magique...

samedi 25 octobre 2008

Statuette korwar en pierre de l'ile Biak

Voici une statuette appelée korwar (ou parfois korvar ou karwar) qui provient de l'ile Biak dans la baie de Cenderawasih, autrefois nommée baie de Geelvink.
S'il est assez rare de trouver des sculptures de pierre en mélanésie, cela est principalement dû à l'absence d'outil en fer. Mais l'île Biak possède depuis longtemps des forges ce qui explique la présence d'objets en pierre sculptée. Cette statuette permet la matérialisation de l'ancêtre mort, grâce à un shaman. On notera qu'elle possède les traits caractéristiques du korwar à savoir ce nez en forme de flèche, ces dents proéminentes qui sont censées éloigner les mauvais esprits et qu'elle tient entre ses mains des représentations de ce qui peut être des serpents marins. On évitera de dire qu'il s'agit d'un bouclier, car les nombreux korwars dont la symbolique semble être bien comprise du sculpteur qui l'a réalisé montrent des représentations variées mettant en évidence des références mythiques ou sociales plus que guerrière. De plus, les boucliers de l'aire dite korwar sont de très grande taille. J'aurai l'occasion de vous montrer d'autres korwars anciens et variés qui me permettront de vous présenter plus précisément ces références mythiques.
Il est à noter que l'aire korwar est une province indonésienne dont les populations originelles dites austronésiennes se distinguent des papous de la grande terre. Les statuettes korwars qui sont fabriquées aujourd'hui se distinguent facilement des statuettes plus anciennes lorsque l'on a les deux entres les mains, néanmoins il existe une grande diversité de représentations, de tailles, d'essences de bois qui ne permettent pas de définir simplement les caractéristiques d'un korwar.
Si vous êtes intéressés par les korwars vous pouvez suivre ce lien:
- De Clercq sur PapuaWeb
mais aussi vous rendre sur le site du quai Branly qui a fait l'acquisition de statuettes de l'ex-collection Breton.

samedi 18 octobre 2008

Tabouret Wosera NGGWAL

Cet ancien tabouret provient du moyen Sépik et plus précisément de la région Wosera appelée aussi Abelam du Sud. C'est celui d'un grand homme du fait de la présence d'un dossier sur lequel est représenté une grande figure nggwal, ancêtre primordial du clan. On retrouve ce type de figure sur les masques à igname.

Les ignames ont une grande importance chez ces populations car ils sont la représentations des ancêtres. C'est donc aux hommes qu'est "affecté" la tâche de la culture de ce tubercule. On retrouve ce type de tabouret chez les voisins iatmul et il est alors un élément des joutes oratoires pabu. Il convient de distinguer l'appellation de grand homme avec celle de big man utilisée pour nommer les acteurs principaux des échanges coutumiers pratiqués sur les hauts plateaux.
Voir aussi au Musée du quai branly la référence 70.2006.21.11, où l'appellation pupitre d'orateur a été préférée, car en effet ce tabouret n'a pas pour fonction de servir de siège.

dimanche 12 octobre 2008

Collier Soulava ou Bagi, cycle de la kula

Après avoir feuilleté le livre en anglais de Susanne Kuehling "DOBU" (ISBN 0-8248-2731-7) traitant du cycle d'échange de la kula, j'ai eu envie de vous présenter ce collier. Son livre apportant des informations intéressantes sur les différentes parties de l'objet uniquement à partir d'un croquis j'ai souhaité vous montrer à quoi il ressemblait, vous réservant la présentation du mwali pour une autre fois.
L'éthnologue Bronislaw Malinowski étant le premier à avoir décrit le cycle de la Kula. On retrouve d'ailleurs dans "Les argonautes du pacifique occidental"(ISBN 978-2-07-071273-1) une photo de jeunes filles portant ce type de collier. L'auteur indique d'ailleurs que l'objet n'avait pas pour vocation principale d'être porté mais bien d'être une "monnaie d'échange".
En bref, la kula est un cycle d'échange réalisé dans l'aire Massim de Papouasie Nouvelle Guinée qui met en relation les habitants des îles d'Entrecasteaux, Trobriand et de l'archipel de la Louisiade. Les bagi, colliers féminins de couleur blanche étant échangés d'îles en îles dans les sens indiqué précédemment. Sept îles sont concernées actuellement par cet échange : Dobu, Bwaiowa, Boyowa, Iwa Gawa, Muyuwa, Tubetube, Duau puis de nouveau Dobu...

samedi 4 octobre 2008

Bouclier des salomons


Le bouclier des Salomons est fait d'osier tressé sur des tiges de bambou. Sa forme elliptique ou en accolade est caractéristique de Nouvelle-Géorgie. Il protège le guerrier individuellement, c'est pourquoi il est relativement léger (moins de 2 kg) et de petite taille (96 cm). Il se tient en glissant le bras dans la hanse inférieure et en tenant la poignée supérieure.
Il est parfois constitué d'incrustations de coquillages.
S'ils sont sur la face avant visible de l'ennemi, ils caractérisent la richesse du guerrier et donc sa puissance. En effet, par opposition avec le reste de la mélanésie, les chefs de clans possèdent des richesses qui traduisent leur puissance guerrière. Un exemplaire richement orné est visible au musée du quai branly sous la référence 71.1887.67.9. On imagine facilement la terreur que pourrait apporter la simple vue d'un bouclier nacré qui réfléchi les rayons du soleil!
Si les coquillages sont sur la face interne visible uniquement du guerrier, ils constituent un charme de guerre, qui le protégera par sa magie. J'aurai l'occasion de vous présenter ces deux autres type de bouclier.
Si vous êtes intéressé par les boucliers des Salomons, je vous conseille de lancer votre recherche vers les écrits de Déborah Waite.

dimanche 28 septembre 2008

Masque Schouten




Pour commencer ce blog, et en tester le fonctionnement ,je commence par la publication de ce masque de Papouasie Nouvelle-Guinée. Je partagerai ainsi avec vous quelques unes des pièces de ma collection.

La présence sur le masque des monnaies de verre allemandes comme oeil le place sur les anciennes colonies allemandes. Sa bouche étirée le situe plus précisément sur le bas sépik. Ce surlignage des yeux par un trait blanc laisse penser aux îles Schouten. Son long nez a la forme enroulée tel une trompe d'insecte indique une référence à un esprit plutôt qu'à un ancêtre, qui pourrait être du nom de brag. Son ton rouge laisse penser à des cérémonies en rapport avec la femme, la naissance: des cérémonies d'initiation des jeunes garçons tels qu'on en rencontre sur toute la papouasie.